Hommage Maurice Detriors de Francoise DUVER


Maurice…. Comment allons-nous parler de toi au passé ?
Tu es encore si présent…Il y a bien peu, à la dernière réunion cantonale, tu nous conviais à la fête de ton village prévue, ce dimanche 21 juillet, en blaguant comme toujours. Nos échanges étaient emprunts d’humour comme de respect. Tu savais si bien manier les deux… Respect, sérieux,
dévouement infini qui avait de quoi donner confiance en nos édilles et en la République à l’heure où l’on a tendance à vouloir mettre tous les élus dans le même panier, celui des profiteurs sur un piédestal.

Toi, tu étais là, simplement là, pour tes concitoyens, en mission permanente, n’hésitant pas à tenir le secrétariat, à manier la pelle, à porter le courrier pour faire gagner 3 sous au budget communal, à laver toi-même les tasses quand tu offrais un café et mille anecdotes que je ne sais sûrement pas.
Consciencieux, toujours attentif, à l’affut du bien-être des autres.Combien de rôles portais-tu sur tes épaules ?

Inutile de dire que tout celà était totalement désintéressé. Tu te battais pour tes administrés, pour qu’ils aient le meilleur, pour qu’il fasse bon vivre à tout âge dans ton village. Tu allais à la pêche aux subventions, tu défendais les dossiers et ta commune au-delà de tes frontières. Tout ce que pour toi tu n’aurais jamais réclamé, tu le faisais pour les autres, contre vents et marais, comme un père se dépasse pour ses enfants.

Tu étais un des spécimen rares qui font que bon nombre de nos petites communes ont encore une âme, mais…pour combien de temps??? Toi, l’homme de terrain au quotidien, vivant ton engagement en totale immersion, tu mesurais avec lucidité, à travers les réalités concrètesque tu portais au plus près, tous les enjeux des changements territoriaux.

Egalité, Fraternité, Générosité, Solidarité, tu les pratiquais comme tu respirais. Tu savais tenir tes responsabilités et ton rang de maire, en marchant droit, sans faillir, et sans jamais avoir le moindre soupçon de vouloir paraître ou d’être au-dessus de la mêlée, tu étais un homme parmi les femmes et les hommes quels qu’ils fussent, mettant en application, comme une évidence, tes qualités au service des autres pour accomplir la lourd de tâche que l’on t’avait confiée. « Au service », c’est bien le mot qui te convient. En prime, l’étincelle de ton regard plissé accompagnait ton sourire.

Tu es parti à l’heure où nous disions adieu à Daniel Ardin, un autre héros de l’ombre, comme toi, un maire discret, proche et dévoué sans relâche, faisant fi des heures et de la fatigue. Qu’on croit au ciel, ou qu’on n’y croit pas, on s’imaginerait volontiers, pour adoucir un tant soit peu notre peine, que tous deux là haut dans les étoiles, vous vous êtes bien trouvés… Faites simplement que vos équipes poursuivent le même chemin comme elles ont déjà à coeur de le faire, à votre image…. Votre passage sur cette terre fut fécond, personne ne peut en douter. Parmi les hommages, celui très ému de Michel Monnet, ton premier adjoint, retraçait en mots authentiques et chaleureux comme tu l’étais, ton parcours personnel et à la mairie depuis 1977, dont les deux derniers mandats en tant que maire. Rude tâche pour ton conseil de poursuivre, ils feront face, forts d’avoir été à tes côtés.

Maurice … Sans aucun doute ne me tiendrais-tu pas rigueur de m’être permise ces quelques lignes d’adieu. Ma petite fonction de suppléante m’avait rapprochée des élus du canton, plus que ne l’avaient fait 5 mandats à la municipalité de ma commune. Grande chance ce fut alors pour moi de faire partie de ton paysage et de partager réunions comme festivités, travail et détente, confiance et estime dont était née notre amitié. Mon besoin de te dire au revoir a fait le reste, les mots coulant de sources à ton avenir.

C’est auprès d’Edith ton épouse que nos pensées se rassemblent aujourd’hui, vous aviez fêté l’an dernier vos noces d’or lors d’une liesse familiale digne de votre beau parcours. Ton départ est si injuste pour elle, pour votre couple, pour tout ce que vous partagiez, y compris la vie publique, à tes côtés, elle portait inévitablement un peu de ta charge. Pensées également pour Agnès, votre fille et son mari Claude, Rémi et Gaëlle vos petits-enfants, ta soeur, ta famille, pour tes collègues élus de Geyssans, pour les habitants, pour tes amis et tant de monde…

Hélas, il n’y a pas eu de fête à Geyssans, dans la salle si mal nommée pour la circonstance, comme à Châtillon. Personne n’avait le coeur à celà. Ce sont tes obsèques, célébrées par ton ami le Père Canin avec Guy Leydier diacre, qui ont rassemblé autour de ta famille une immense foule, tout un parterre d’officiels : Préfet, Sénateur, Député, Conseillers Généraux, Maires et Elus locaux, Associations … et d’innombrables personnes, ceux qui te connaissent depuis toujours, comme ceux qui ont jalonné ton parcours à la municipalité, tous dans la peine. Adieu Maurice …

Françoise DUVER